Ils sont plusieurs milliers à Cuba, à avoir pianoté sur « ZunZuneo », sorte de Twitter à la sauce cubaine. Personne ne savait que ce réseau social était en fait piloté par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). C’est ce que rapportent des journalistes d’Associated Press, jeudi 3 avril, documents à l’appui.

Nourrir la contestation

Dans un pays où l’accès à Internet est étroitement surveillé et sous contrôle de l’Etat, les créateurs de ce réseau social ont dû détourner l’attention et faire preuve de discrétion. L’argent qui alimentait « ZunZuneo » était placé dans les îles Caïmans, lieu bien connu pour son opacité bancaire. Il transitait ensuite jusqu’à Cuba, par le biais d’une société-écran basée en Espagne.

Pénétrer la société cubaine

A l’instar de Twitter, ZunZuneo désigne en cubain le sifflotement d’un oiseau. Mais le volatile n’aura pas gazouillé longtemps. Lancé en 2010, il a séduit au maximum 40 000 Cubains avant de disparaître en septembre 2012, au moment où les financements ont cessé. Selon les journalistes américains, l’objectif visé initialement consistait à toucher la société cubaine, principalement les jeunes, de manière à favoriser des manifestations contre le pouvoir communiste en place. Le but était également de récolter un maximun d’informations sur les utilisateurs cubains, et notamment leur orientation politique.

De nombreuses zones de flou entourent cette nouvelle affaire à l’arrière-goût de guerre froide. De leur côté, les dirigeants de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international n’ont pas souhaité réagir aux révélations avancées par Associated Press.

Selon l’agence, le fondateur de Twitter Jack Dorsey aurait même été approché dans ce projet, auquel il aurait finalement refusé de prendre part.